Vincent Tondo l’italien, chante les Georges : Brassens et Moustaki



Il existe encore des poètes. Mais ils se cachent çà et là entre deux pierres ou dans des trous d’aiguille. On les traque sans relâche. (Pères indignés, Faut embrasser une carrière, Gagner sa vie, Que vont dire les gens, Ils meurent presque tous très jeunes, les poètes et l’homme leur survit comme on raconte. Bien sûr, un certain nombre échappe au massacre. Et alors on les fête, comme une victoire nationale. On les cajole, on les appelle “cher maitre” au sérieux, on se délecte à les écouter chanter leur feu ni lieu d’avant la ratification. (Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux de Richepin ou d’ailleurs). Mais quand ils n’en menaient pas large, on leur fermait la porte au nez. Moustaki en est un. Il a eu vingt ans tout à l’heure et c’est plus difficile qu’on ne le suppose. (Le petit cheval de Paul Fort, dans le mauvais temps, qu’il avait donc du courage). Il écrit des chansons entre les lignes. Il aurait pu bâcler des insanités et se faire chanter par la canaille lyrique. Il a choisi les chemins escarpés, les chemins coupés. Il fait confiance au public. Il aura sa récompense. Un temps viendra ou les chiens auront besoin de leur queue et de Moustaki, poète inébranlable, et ceux qui s’apprêtent à le mordre aujourd’hui lui passeront la main dans les cheveux, s’il lui en reste. Soyez bon pour les animaux, même les tigres. Chante Moustaki. Ta chanson s’envolera vers des oreilles. Le temps s’en charge. Tu n’es pas seul. Écoute Guy Charles-Cros.
“Avec des mots chantés à voix profonde et douce Avant qu’un peu de terre emplisse notre bouche Confier à la vie notre lucide amour, C’est là notre travail sans crève et notre fête, Notre raison de vivre et de mourir poète, Notre unique et divin recours.”

Georges BRASSENS. Mai 1954

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